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Brigitte Jugla : « Un cadre pour le rugby féminin de 2023 à 2033 »

Après les échéances internationales des équipes de France féminines, les regards sont tournés vers les phase finales d’Elite et de Fédérale, l’occasion pour Brigitte Jugla, vice-présidente en charge du rugby féminin, dont le Plan d’Orientation Stratégique commence à porter ses premiers fruits.

France Rugby

Quel bilan dressez-vous de ce tournoi des Six Nations féminin 2024 ?

Brigitte Jugla (Vice-Présidente en charge du Rugby Féminin)

On avait toujours dit que ce tournoi servait à préparer 2025, à construire un vrai projet pour aller chercher un titre. Cette compétition n’était pas une finalité mais les filles ont souhaité logiquement aller chercher le trophée. Elles ont tout fait pendant ces 7 à 8 semaines pour y parvenir. L’obstacle majeur reste les Anglaises. Le gap entre les deux est encore important, mais je pense que l’on est sur la bonne voie. Le potentiel des joueuses qui arrivent est impressionnant et malgré le résultat décevant contre l’Angleterre, je trouve qu’elles ont fait un bon tournoi et ont mis les ingrédients nécessaires pour pouvoir faire quelque chose en 2025.


France Rugby

Plus globalement, les résultats des équipes de France féminines vont dans le sens ?

Brigitte Jugla

Aujourd’hui, il est évident que l’on a les premiers effets de la mixité des Académies Pôles Espoirs, puisque l’on a à peu près 200 joueuses depuis trois ou quatre ans qui évoluent dans ces structures. Elles ont vraiment pu acquérir beaucoup plus de technique individuelle, d’esprit de compétition, de structuration pour le haut niveau, à la fois physique et intellectuelle. Cela se traduit par des résultats exceptionnels pour les moins 18 ans et les moins 20 ans. Je pense que l’on va faire la bascule rapidement. Ce potentiel jeune tape à la porte de l’équipe de France à XV et à 7. C’est à nous de mettre en place les conditions pour que ces jeunes puissent à la fois s’exprimer en championnat d’élite et dans nos équipes de France.



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Tout cela fait partie du Plan d’Orientation Stratégique du rugby féminin ?

Brigitte Jugla

Quand je suis arrivée en 2020 et que Bernard Laporte m’a confié la vice-présidence du rugby féminin, je n’avais aucune visibilité, je ne savais pas où j’allais. Notre premier travail avec Mathieu Codron, a été d’auditer et de comprendre le rugby féminin Je voulais poser un cadre sur le long terme pour que l’on puisse se projeter et mettre en place ce qu’il fallait pour être en adéquation avec l’évolution nécessaire du rugby féminin au sein de la Fédération. Je suis partie sur trois axes, la haute performance avec les équipes de France et l’élite car je considère que l’élite féminine est associée totalement avec nos équipes de France puisque c’est notre réservoir. Le deuxième axe concerne le développement du rugby féminin sur le territoire. Évaluer le potentiel de licenciées, la fidélisation, les différentes pratiques de jeu, les désertifications sur certaines régions. Tous ces sujets font l’objet dans le POS de stratégies d’orientations précises. Et un troisième volet sur la féminisation à tous les niveaux, que ce soit dirigeante, arbitre, entraîneur, joueuse.



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Le plan de financement 5+5=20 va mettre l’accent sur la féminisation des vestiaires, est-ce un premier élément de réponse ?

Brigitte Jugla

Il fallait justement identifier les problématiques qui gênent le développement du rugby féminin. Cette problématique d’accueil des jeunes filles est une réalité. Les installations ont toujours été faites pour des garçons puisque c’est un sport masculin à la base et les infrastructures des stades ne sont pas faites pour accueillir des jeunes filles et des femmes qui doivent souvent se changer dans les bus ou dans les vestiaires des arbitres. Il faut absolument corriger ça. On a saisi la balle au bond avec le Président Florian Grill et c’est une priorité. On pousse tous les clubs à opter pour cette solution !



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La journée des finales féminines devient un rendez-vous pérenne ?

Brigitte Jugla

On en a eu confirmation l’année dernière à Bordeaux sur le terrain du Stade bordelais. Aujourd’hui, c’est une manifestation qui permet aux équipes féminines de montrer leur potentiel parce que les matchs sont hyper intéressants. Le public commence à venir puisqu’on avait quand même 5 à 6000 personnes à Bordeaux. Cette année, ce sera à Bourgoin, dans un territoire où il y a un besoin de développement et donc c’est une visibilité que l’on apporte sur cette région.


France Rugby

On reste dans les compétitions avec l’évolution de l’Elite 1 l’année prochaine, que pouvez-vous nous dire ?

Brigitte Jugla

D’abord, le constat, c’est que toutes nos joueuses internationales sont issues de ce vivier. Ce Championnat stagne depuis quelques années. On a coconstruit un projet avec les présidents d’Elite 1 et même si c’est dur pour eux sur le court terme, tout le monde sera gagnant au bout d’un moment. Le cahier des charges structurant mis en place depuis la saison 2022-2023 va permettre aux clubs de mieux se structurer. La fédération va les accompagner pour que les joueuses ne soient pas formées et évaluées uniquement au sein de l’équipe de France mais aussi à l’intérieur des clubs. Les staffs des équipes de France y travaillent conjointement. D’un commun accord, on a décidé de mener ce projet d’évolution de l’élite avec la Ligue Nationale de Rugby. C’est important, dans l’évolution souhaitée car ils ont la capacité de nous apporter leur expertise. Nous aurons donc une poule unique à dix clubs que nous allons évaluer sur une olympiade de façon à avoir un accompagnement pour que tous les clubs soient au même niveau au bout de cette échéance. Cela doit nous permettre également d’intéresser un diffuseur à retransmettre les matchs, à des partenaires de s’investir pour le développement des clubs.



France Rugby

Avec toutes ces réalisations, vous être une vice-présidente heureuse …

Brigitte Jugla

Heureuse n’est pas mon ressenti, je suis plutôt satisfaite d’avoir posé un cadre pour le rugby féminin de 2023 à 2033 avec des vrais objectifs à atteindre. Il y a une réelle prise de conscience des élus, des clubs, des ligues et des comités départementaux sur la place du rugby féminin à la Fédération. Il peut apporter énormément à notre fédération, à notre sport. Je suis vraiment heureuse sur cet aspect et j’espère que les prochaines personnes qui auront la charge de ce domaine puissent aussi apporter leur pierre à l’édifice comme toutes les pionnières qui ont contribué à l’évolution du rugby féminin.

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